La France lutte contre des groupes minoritaires (les « sectes ») et non contre des dérives sectaires : démonstration, citations à l'appui
Georges Fenech, actuel président de la
MIVILUDES Dans un communiqué de
presse signé le 27 juin 2005 par Georges Fenech (alors député), il
justifie l’utilisation de la liste des sectes du rapport
parlementaire français de 1996 : « Une
référence pour le travail de prévention et de lutte contre les
dérives sectaires » (source). Dans un document
intitulé « La justice face aux
dérives sectaires » (La
documentation française) dont il est l'auteur, Georges
Fenech précise que la notion de secte n’a pas « de définition
juridique » (page 20). Pourquoi existe-t-il alors au sein de la
police nationale un groupe d'enquête référent « sectes » en lien avec
la MIVILUDES (page 25) ? Pourquoi la MIVILUDES travaille-t-elle en
partenariat rapproché avec des associations antisectes dont Georges
Fenech précise effectivement qu’elles sont des structures de
« défense contre les sectes » (page 39) – par exemple Catherine
Picard, présidente de l’UNADFI, est membre du Conseil d’Orientation
de la MIVILUDES – ? Pourquoi Georges Fenech préconise-t-il la
création d'un « observatoire européen sur les sectes » (page 47) ? Interviewé le 19
décembre 2008 sur le plateau de Paul Vermus (VSD)
dans un débat autour de l’intégration et des sectes, Georges Fenech
précise : « Si je vous donne
le nom des sectes que j’ai dans le collimateur, j’ai droit sur
l’heure à un procès… Pas évident de mettre cinq cents sectes et
communautés sous surveillance, cela concerne cinq cent mille
personnes, dont quatre-vingt-cinq mille enfants » (source). Dans le journal de 13h
de la radio France Inter, 15 juin 2011, la journaliste Claire
Servajean interroge Georges Fenech : «
Ça veut dire que les sectes
peuvent s’attaquer à n’importe qui et que personne n’est à l’abri ?
» ; réponse du président de la MIVILUDES : « Personne,
personne n’est à l’abri » (source).
Le journaliste
Robert Ménard , I>télé, le 15 juin 2011, fait remarquer à Georges
Fenech que l’ONU critique l’action de la France en matière de
sectes ; –
G. Fenech : «
Ce sont des ONG qui sont des
faux-nez de ces organisations sectaires qui sont accréditées auprès
des Nations Unies »
–
R. Ménard : «
Alors ça, c’est trop facile
quand c’est les Nations Unies qui vous remettent en cause »
–
G. Fenech : «
Non, c’est pas les Nations
Unies… » –
R. Ménard : « Quoi,
ils sont infiltrés par les sectes ? »
–
G. Fenech : «
… Ce sont des ONG qui sont des
faux-nez, encore une fois, qui sont accréditées auprès du Conseil de
l’Europe, auprès de l’ONU, auprès des instances internationales,
elles font un lobbying extraordinaire (…) » (source). Dans
Lyon Capitale, 30 septembre
2011 : – Georges Fenech : «
Je suis magistrat. Je préside
actuellement une Mission interministérielle » ; – Journaliste :
« ...qui lutte contre les
sectes » ; – Georges Fenech : « Qui
lutte contre les sectes ». Dans le même temps,
interviewé par Robert Ménard, I>télé, le 15 juin 2011, Georges Fenech
n’hésite pas à affirmer : «
Moi, je ne sais pas ce que c’est qu’une secte, je n’ai pas de liste,
vous posez des questions, je vous réponds. Il n’y a pas de définition
juridique d’une secte, je ne lutte pas contre les sectes » (source). Programme télévisé
Envoyé spécial, France 2,
Georges Fenech prétend qu’« il
n’y a pas d’autorité en France qui labellise : « vous êtes une
religion ou vous êtes une secte ». »
Parlementaires Propos du député
Jacques Myard, lors de l’audition de M. Jancovici au cours de la
Commission d’enquête parlementaire de 2006 sur le thème « L’enfance
volée » : « (…) Monsieur, vous
avez fait allusion à deux sectes, dont une avait déjà défrayé la
chronique dans le passé, (…) et l’autre que je ne connaissais pas
parce qu’effectivement, ça pullule (…) » (source).
Pour rappel, Georges Fenech présidait cette Commission d’enquête
parlementaire. Propos du député
Jean-Pierre Brard (membre du Conseil d’Orientation de la MIVILUDES),
lors de l’audition de M. Rufo au cours de la Commission d’enquête
parlementaire de 2006 sur le thème « L’enfance volée » : « Nous
(…) travaillons sur les sectes depuis un certain temps, la plupart
d’entre nous, ici, pour préserver les libertés individuelles et
collectives (…) » (source). Entre janvier et
septembre 2009, 51 questions concernant les dérives sectaires ont été
posées par les parlementaires au gouvernement. Dans la base de
données de l’Assemblée Nationale, les questions sont catégorisées par
un champ dénommé « Tête d’analyse » qui a la valeur « sectes ». Sur
ces 51 questions, 44 contiennent le terme « sectes » dans le texte et
certaines questions ont été systématiquement posées à tous les
Ministères (Assemblée
Nationale). 10 février 2009 –
question au gouvernement du député Robert Didier – « A
propos des sectes, il souhaiterait connaître les mesures envisagées
pour contrôler et empêcher la diffusion, la publication et la mise en
vente libre sur le territoire national et sur l'Internet francophone
d'ouvrages édités ou écrits par des personnes identifiées comme
appartenant et promouvant ces mouvements sectaires » (Assemblée
Nationale). 2 juin 2009 – question
au gouvernement du député Michel Zumkeller – « M.
Michel Zumkeller interroge Mme la ministre de l'enseignement
supérieur et de la recherche sur le rapport annuel sur les sectes,
publié par la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance
contre les dérives sectaires). Ce rapport décrit les méthodes
employées par les sectes pour s'installer dans les « niches nouvelles
». Il souhaite connaître les actions menées pour lutter contre
l'emprise des sectes dans les domaines relevant de sa compétence »
(Assemblée
Nationale). 23 février 2008 –
Jean-Luc Mélanchon, responsable politique Français – parle de la
MIVILUDES comme de la « Mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les sectes » (ContreInfo). « Je
viens d'être nommé Rapporteur sur la protection des mineurs contre
l’influence des sectes au Conseil de l’Europe ». Ainsi s’exprime
Rudy Salles, député des Alpes Maritimes, et il ajoute :
« Je reconnais que c’est un
travail difficile et de longue haleine qui nous attend, Georges
FENECH et moi » (source).
Ministres
28 juillet 2009,
réponse du Ministre de l’alimentation de l’agriculture et de la pêche
à une question au gouvernement – Le ministre précise qu’il
« met en œuvre une politique »
visant notamment à « (…)
développer en direction de ses personnels une information pour les
aider à comprendre l'organisation de la lutte contre les sectes et
les dérives sectaires en France, ainsi que les démarches à engager
dès qu'ils se trouvent face à une suspicion de dérive sectaire, voire
à une dérive avérée » (Assemblée
Nationale). 15 juillet 2009,
Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat –
« Je peux en témoigner (…) sur
mon propre territoire, certaines sectes ont instrumentalisé des
organismes de formation professionnelle » (Assemblée
Nationale). 23 septembre 2009,
Laurent Wauquiez précise, lors d’une séance au
Sénat : « Pour
l’année 2010, le principal enjeu sera de purger la formation
professionnelle du cancer des sectes, phénomène toléré depuis trop
d’années. Le Gouvernement mènera une traque impitoyable en la matière
! » 15 septembre 2009,
Michèle Alliot-Marie, Ministre de l’Intérieur annonce dans le
Figaro : « Je
vais déposer à l'occasion du prochain texte pénal une mesure qui
permettra effectivement de dissoudre notamment des associations, des
groupes ou des sectes qui auraient procédé à des escroqueries. »
Activistes antisectes Lors de l'émission
C dans l'air du 3 août 2009
sur France 5, intitulée « Secte ou pas secte », dans laquelle Georges
Fenech était présent, Jacques Miquel, président du CCMM, et alors
membre du Conseil d’Orientation de la MIVILUDES, s'est exprimé au
sujet du référentiel de la MIVILUDES : « Il
a été question à un moment d'un référentiel sur les mouvements à
dérives sectaires et j'ai entendu qu'il ne serait malheureusement pas
donné au public. J'aimerais faire remarquer une chose qui m'étonne
quand même beaucoup : dans ce pays, personne n'a l'idée d'aller aux
champignons sans une flore et croyez-moi, je suis mycologue amateur,
les mouvements à dérives sectaires, c'est bien plus toxique que les
champignons ».
Journalistes
Si la
faillite du contre-pouvoir médiatique
sur la question desdites « sectes » ne fait aucun doute, on peut au
moins reconnaitre aux journalistes qu’ils ne se sont pas laissés
abuser par le subterfuge de la « lutte contre les dérives
sectaires ». Le 7 avril 2010,
Europe 1, Marc-Olivier Fogiel
interroge Georges Fenech : « Aujourd’hui,
il n’existe pas une liste où apparaitraient toutes ces sectes ? Ça
serait quand même plus simple pour tous ceux qui nous écoutent. C'est
pas un manque, c'est pas une carence ? ». Le 8 avril 2010,
émission
C à dire, France 5,
Thierry Guerrier constate, comme une évidence, que : « Le
travail de traque des sectes en France n'est pas près de
s’interrompre ».
Le 10 avril 2010, émission
Revu et corrigé, France 5, le
journaliste Paul Amar présente en début de programme la MIVILUDES
comme « la mission contre les
sectes » ; probablement prévenu de sa bévue, il se reprendra dans
la suite du programme.
Le 7 avril 2010, sur
RTL, Vincent Parizot parle de
« la sortie du rapport de la
MIVILUDES sur les sectes ».
Le 15 juin 2011, Le Journal du Dimanche présente la MIVILUDES comme
« La Mission
interministérielle de lutte contre les sectes ».
Le 14 juin 2011,
Le Figaro intitule un
article : « Fin du monde :
l’alerte de la mission antisecte ». Le 16 juin 2011,
émission Ça vous regarde,
LCP, Antoine Guélaud,
directeur de la rédaction de TF1 et invité à l’émission, donne son
avis : « Sur la prévention,
moi je reste persuadé qu’il faut informer davantage encore le public
et qu'il faut absolument établir une liste des mouvements sectaires.
(…) Les sectes sont aujourd’hui partout et il faut que les gens le
sachent ». Le 31 juillet 2011,
L’Indépendant titre : « Les
maires font face aux dangers des sectes ». L’article mentionne
des « spécialistes de la lutte contre les sectes » et cite des agents
publics et la MIVILUDES. Le 22 septembre 2011 ,
L’Est Républicain intitule un
article : « Morano fait la
chasse aux sectes ». Le 21 octobre 2011,
LyonMag déclare : « La
préfecture lance la chasse aux sectes ». Le 9 février 2012,
Le Figaro affirme : « 1 500
organismes de formation infiltrés par les sectes ». Le 9 février 2012,
L’Express prévient : « La
formation professionnelle infiltrée par des sectes ». Etc.
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