Communiqué de presse du Centre d'Information et de Conseil des Nouvelles Spiritualités (CICNS)

La terminologie délétère anti-sectes se généralise à tous les secteurs de la société 

 

Montpezat de Quercy - 24/05/2008 - 10h00 (CICNS)

Les termes "secte", "gourou", "sectaire" et autres synonymes ne sont désormais plus réservés aux minorités spirituelles. Leur "succès", lié à leur pouvoir de discrédit amplement vérifié et utilisé pendant plusieurs décennies à l'encontre de ces groupes, s'étend à de multiples domaines de la vie politique et sociale.

La lutte antisecte française a artificiellement et trompeusement validé et banalisé l'utilisation de ces expressions en s'appuyant sur la peur et le sentiment de rejet fabriqués autour de ces notions. Aujourd'hui, traiter son contradicteur de" sectaire" ou la mouvance à laquelle il se réfère de "secte", est une façon rapide et efficace de le discréditer en s'appuyant plus ou moins inconsciemment sur ce capital de rejet. Au-delà même d'une dérive langagière, l'emploi de ces termes traduit le refus du dialogue et le non respect de l'opinion d'autrui.

Il ne se passe pas un jour sans que le microcosme politique, responsable de la phobie antisecte, ne fasse les frais (remarquable retour de bâton) de cette nouvelle vogue de langage outrancier. Citons plusieurs exemples récents : "Durant ce week-end de la Pentecôte, la télévision aura assuré la promotion du trotskisme sous tous ses aspects. Que ce soit celui de la secte Lutte Ouvrière (...) dont on a longuement entendu pour l’occasion les prêches anticapitalistes de sa grande prêtresse vieillissante, Arlette Laguiller. Ou mieux encore (...) la secte LCR, dont l’apparition de son jeune gourou Olivier Besancenot, sous l’influence du grand gourou aux cheveux blancs Alain Krivine" (Chrétienté Info). L'un des porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, parle de Bertrand Delanoë en ces termes : "(...) un candidat qui ne dit rien et ne fait rien, pour ne pas prendre le risque de l'impopularité, et qui, en refusant le SMA (service minimum d'accueil dans les écoles, ndlr), montre son vrai visage, celui de l'idéologie sectaire et ringarde" (Le Point). François Grosdidier, député UMP, décrit les débats parlementaires sur la loi OGM de la sorte : "(...) mes collègues répétaient tous les mêmes phrases, comme conditionnés par une secte, c’était impressionnant" (toogezer). Le député PS Bruno Le Roux voit dans le refus de la majorité d’examiner sa proposition de loi pour modifier le mode d’élection des sénateurs : " une attitude repliée et sectaire" (France Soir).

D'autres domaines sont touchés comme l'écologie. Claude Allègre parle de la "secte verte" : "L'Objectif de la secte verte, c'est pour l'homme la punition, la vie dure; pour la société, c'est la contrainte, la réglementation. La méthode, c'est la peur" (valeurs actuelles n° 3673 du 20 avril 2007). Jean-Jacques Brocher écrit un livre intitulé "Danger ! Secte verte" (collection Discordance). Christophe Coret se désole pour sa part de la généralisation de ce type de propos : "Dès qu’un écologiste aborde le thème du réchauffement de la planète, on le taxe de catastrophiste, d’oiseau de mauvais augure ou de gourou d’une secte maléfique" (Aves France).

Marine Le Pen commente la grève des enseignants : "Aujourd’hui, pour améliorer le niveau d’enseignement, la secte du temple scolaire sort ses banderoles et organise des processions" (FN).

Jean-Luc Mélanchon, sénateur de l'Essonne, traite l'école DIWAN (école de la langue bretonne) de "secte" (agence bretagne presse).

Isabelle, modèle du photographe Liviero Toscani, pour une publicité contre l'anorexie se confie : "J'étais comme prisonnière d'une secte dont j'étais mon propre gourou" (Le Post).
Christophe Bourseiller compare les scènes musicales françaises et anglo-saxonnes : "Les anglo-saxons sont très ouverts, très second degré, alors que la scène parisienne est une secte de poseurs mondains" (Hitmusemag).

Cette généralisation de la terminologie "antisecte" est préoccupante car elle conforte son utilisation à l'encontre des minorités spirituelles mais aussi parce qu'elle traduit plus globalement l'appauvrissement des débats sur la place publique. La stigmatisation n'a jamais été un facteur de cohésion sociale et n'est certainement pas une valeur démocratique.

Le CICNS invite les acteurs politiques, en particulier, à montrer l'exemple en rétablissant un débat sensé et équilibré sur la place dans notre société de la spiritualité sous ses formes les plus diverses et en cessant d'alimenter une phobie qui finit, à travers l'évolution du vocabulaire courant, par se retourner contre eux.

Contact : Service Presse du CICNS - Denis Mathieu - 06 34 11 49 58 - Presse@cicns.net - http://www.cicns.net

Haut de page