Communiqué de presse du Centre d'Information et de Conseil des Nouvelles Spiritualités (CICNS)

Les débats télévisés sur la question des sectes et de la manipulation  

Montpezat de Quercy - 24/09/2007 - 14h45 (CICNS) - En France, comme dans beaucoup d'autres pays, le monde de la télévision se croit généralement obligé de présenter des débats tronqués pour satisfaire à un public peu exigeant et friand de sensationnel. De véritables débats, dans un tel contexte, n'auront donc jamais lieu. La question des sectes, qui ressurgit en période de rentrée afin de stimuler l'audimat, en est un bon exemple et de nombreuses émissions l'ont démontré au cours des années :

Dans C dans l'air du 6 janvier 2004, : " Les sectes contre attaquent ! ", trois adeptes virulents de la loge des anti-sectes exposent, dans une intolérance maîtrisée, leur discours mensonger stimulé par un présentateur plein de certitudes primaires sur une question qui le dépasse complètement ; Pièces à conviction du 24 mai 2004, " Voyage au pays des nouveaux gourous ", où tout au long de l'émission, des stagiaires enthousiastes expriment ce qu'ils ont découvert à Landmark Education. Mais plutôt que de les entendre, FR3 préfère écouter quelques spécialistes autoproclamés, véritables obsédés de " la secte ", à seule fin de discréditer Landmark Education sans apporter aucune preuve ; Le vrai faux journal de Karl Zero sur " Les faux prophètes " en janvier 2005, où les principaux clichés sont exposés de manière caricaturale : argent, sexe et pouvoir, Karl Zéro tirant sur les ficelles universelles de la nature humaine pour faire danser son public comme un pantin docile ; l'émission de Teva du 9 mai 2005, " Sectes : simple communauté ou manipulation organisée ", dont le titre même est une fraude intellectuelle qui se déploie tout au long des reportages ; Le téléphone sonne du 5 septembre 2006 sur France Inter, " D'où vient l'argent des sectes ? ", 45 minutes d'un salon de thé indécent entre copains de la croisade contre les minorités spirituelles, où chacun s'appelle par son prénom, libre de distiller le mépris et le mensonge dans une absence de point de vue contradictoire voulue par les réalisateurs de l'émission : un moment consternant et surréaliste de pure désinformation ; le reportage " Jonestown " sur France 3 du 6 février 2007, où, dans les semaines qui précédaient l'émission, on pouvait trouver sur le site Internet de France 3 un encart de 5 pages faisant la promotion du reportage : " Jim Jones, la folie meurtrière d'un Gourou " ; le reportage lui-même n'a fourni aucun fait nouveau, aucune analyse des faits, aucune vision d'ensemble de la très complexe affaire de Jonestown sur laquelle le FBI a publié plus de 39 000 pages sans apporter de réponse définitive à ce qui reste une énigme, probablement due au fait que beaucoup d'éléments sont tenus cachés par les autorités. Il fournit pour l'essentiel une explication simpliste qui sert la politique française de lutte contre les dérives sectaires au moment précis (hasard des programmations sans doute ?) où une véritable offensive est menée autour de la troisième commission d'enquête parlementaire sur les sectes et où le CICNS sort un film sur le même sujet ; l'émission Zoom Europa sur Arte 11 avril 2007, une émission reflétant fidèlement l'opinion française qui ne veut pas croire au renouveau du spirituel mais croit à sa dangerosité, campée derrière ses certitudes " raisonnables " et son système anti-sectes unique au monde ; une émission de Jean-Luc Delarue sur France 2 le 13 juin 2007 : " Sectes - Peut-on tous en être victime ? Qui peut être enrôlé dans une secte ? " , dont un spectateur nous rapporte qu'il s'est demandé à quoi l'émission voulait en venir, sauf à dire : " Attention, nous pouvons tous être victime d'une secte ", de près ou de loin ; une émission au sujet de " Waco " sur France 2 le 29 août 2007, " Dans l'enfer d'une secte ", une manipulation de la vérité qui fait " froid dans le dos " quand on connaît un peu la réalité des événements (voir notre page sur le sujet : Waco). Enfin, la plus récente : L'émission de Jean-Luc Delarue, diffusée sur France 2 le mercredi 19 septembre et intitulée : " Nouvelles sectes, nouveaux gourous : sommes-nous tous manipulables ? ", en est une dernière démonstration, la plus caricaturale et la plus sordide à la fois.

Depuis 25 ans en France, les mouvements spirituels minoritaires sont la cible des calomnies les plus odieuses et des accusations les plus graves. L'opinion publique ayant été ainsi " formatée " durant toutes ces années, les Français sont soit convaincus que les minorités spirituelles sont criminelles et dangereuses, soit effrayés d'aborder ouvertement la question, même en famille.

Alors : sommes-nous manipulables, pour reprendre la question de ce dernier simulacre de débat ? L'équipe de " Ça se discute " démontre par l'exemple que oui, nous le sommes tous, et M. Delarue, qui n'a pas gagné en humilité malgré ses écarts de comportement récents, a perdu depuis longtemps le texte de déontologie journalistique qu'il devrait pourtant relire avant chacune de ses émissions. Voici l'historique de notre participation éphémère à la préparation de cette émission :

Le CICNS a été contacté début juillet 2007 par une assistante de M. Delarue, Virginie Dhers, dans le but d'inviter notre association à une nouvelle émission antisectes (" Votre point de vue serait intéressant pour équilibrer notre plateau " ; " Nous voulons justement ouvrir le débat pour la première fois dans l'émission " ; " Votre parole sera libre "). Nous avons l'habitude de suspecter des traquenards dans ce genre d'émissions qui n'hésitent jamais à avoir recours aux manipulations les plus grossières (même quand il s'agit de les dénoncer chez les sectes !) pour inviter chaleureusement un intervenant... qui deviendra immanquablement, à ses dépens, le vilain canard de l'émission.

Voir sur notre site les propos de Virginie Dhers, cousus de mensonges - l'émission n'était pas en direct, contrairement à ses affirmations, le jour de l'invitation était en fait celui de l'enregistrement ; le titre n'était pas celui annoncé (" Les nouvelles communautés religieuses " !) et celui qui avait été choisi (mais qui ne nous avait pas été communiqué) était en réalité bien fixé contrairement à ce qu'elle prétendait ; le débat n'était pas du tout " ouvert " mais orienté " à charge " comme d'habitude ; etc.) - ainsi que nos réponses où nous avons choisi de décliner l'invitation : " Nous gardons l'esprit ouvert et regarderons votre émission pour voir si elle reflète l'ouverture que vous annoncez mais de notre côté, nous n'accordons pour l'instant aucune confiance à la grande majorité des médias pour nous donner véritablement la parole. "

Le CICNS travaille depuis trois ans à réunir une information montrant que la question des sectes en France est traitée de façon partiale et que les idées reçues sur les mouvements spirituels minoritaires ne reflètent pas de façon objective la réalité vécue sur le terrain. Les procédés sont toujours les mêmes : réunir quelques " spécialistes " convaincus a priori de la nocivité et de la dangerosité des " sectes " et qui n'ont pour la plupart jamais rendu visite aux mouvements incriminés ; réunir des témoignages d'anciens adeptes déçus dans leurs attentes et qui ne prennent pas la responsabilité de leurs propres choix ; et enfin, refuser tout dialogue avec les personnes ou les mouvements spirituels supposés être le sujet de discussion. Les personnes invitées sur le plateau à témoigner d'un autre point de vue ne le sont que pour " la galerie ", pour prétendre à l'ouverture, la neutralité et l'équilibre du débat alors que le présentateur a généralement à cœur de leur interdire tout usage de la parole en coupant systématiquement chacune de leurs interventions. M. Delarue l'a une nouvelle fois démontré à tel point qu'un invité, M. Baudoin Labrique, thérapeute, a préféré quitter ce plateau décidément peu propice à un véritable dialogue.

Selon les paroles de M. Baudoin Labrique : " (...) JLD m'a fait venir de Belgique pour intervenir comme expert. Je suis connu en effet pour mes écrits qui défendent la déontologie et l'éthique particulières relatives aux psychothérapeutes. Il s'était engagé à suivre un cadre et un contenu précis des interventions illustrant ces thèmes par le truchement d'une série de questions et qui devaient m'être posées et se suivre sans interruption, dès mon entrée sur le plateau. Sa collaboratrice que j'avais eu plusieurs fois au téléphone durant les deux mois précédents n'a eu de cesse de m'affirmer que cela ne serait pas un piège : France 2 (sic) et JLD (resic) prétendument présentés comme des défenseurs des thérapies non conventionnelles et d'autres propos fallacieux du même acabit. Suspectant un piège, j'ai pris la peine de tout capter via un petit dictaphone digital non seulement en cours d'émission mais aussi lors de la discussion avec la collaboratrice de JLD qui a eu lieu une heure avant le début de l'enregistrement. Comme il fallait s'y attendre et sans le moindre préavis, JLD n'a pas du tout respecté ce qui avait été convenu et les sujets sur lesquels je devais intervenir n'ont donc pratiquement pas pu être abordés : quelques questions posées ici et là au gré des interventions de témoins dans le public et lancées d'une manière tendancieuse pour tenter de me déstabiliser. (…) Lors de la diffusion de cet enregistrement, on pourra dès lors se rendre compte que cette émission s'est entachée d'une révoltante diabolisation caricaturale des thérapeutes non conventionnels et que JDL a essayé à maintes reprises de me mettre mal à l'aise ce qui m'a forcer à contrer plusieurs insinuations déplacées. D'ailleurs, contrairement à ce qui avait été convenu, les trois experts sur les cinq (au moins) prévus (deux Belges sur trois, courage, fuyons !...) devaient rentrer ensemble sur le plateau et participer à un débat, tout en ayant pris le soin de présenter chacun complètement ; JLD a d'abord fait rentrer et interviewé longuement Catherine Katz (Secrétaire Générale de la MIVILUDES) qui a eu tout le champ libre et sans contradiction possible de casser du sucre sur le dos des thérapeutes ! Le ton était donné et le piège bien en vue ! "

Ce sont là des procédés dont nous avons eu de nombreux témoignages ces dernières années et qui s'inscrivent dans le contexte français très particulier où l'État mène depuis plus de 25 ans, sous l'appellation de " lutte contre les sectes ", une véritable politique liberticide. Celle-ci a déjà fait de nombreuses victimes et mené, un peu plus chaque année, au rétrécissement du cadre de l'expression des choix de vie spirituels, thérapeutiques ou éducatifs.

Le CICNS est né du constat de cette situation et travaille à révéler au grand jour la réalité préoccupante d'une population discriminée et de la violation aujourd'hui, en France, des droits de l'homme à la liberté de religion, de croyance et de conviction.

Chaque émission de ce type rajoute une pierre à un édifice de propagande honteux, et représente une insulte pour les victimes directes de cette politique, mais aussi pour les millions de personnes qui trouvent ou ont trouvé au sein des minorités spirituelles un réconfort, et souvent un véritable éveil à une compréhension plus étendue de l'existence humaine dont l'art de vivre ensemble dans le respect et l'ouverture est une valeur fondamentale.

Le CICNS a réalisé ce qu'aucun journaliste français n'a eu le courage de faire : un film documentaire, "120 minutes pour la liberté spirituelle", dont la réalisation est soucieuse avant tout d'objectivité et d'ouverture. Un nouvel angle d'approche de ce sujet polémique que tout journaliste soucieux de respecter la déontologie de sa profession aimerait voir diffuser...

Le CICNS est par ailleurs intéressé de collaborer à toute émission visant à restaurer un peu d'humanité et d'honnêteté dans ce débat. Les journalistes intéressés par ce sujet sont conviés à participer au colloque du CICNS : "Sectes : fléau social ou bouc émissaire", organisé à la Résidence Internationale de Paris dans le 20è arrondissement, le 30 septembre 2007 de 9h à 19h.

Contact : Service Presse du CICNS - Valérie Dole - 06 34 11 49 58 - Presse@cicns.net - http://www.cicns.net

(ce communiqué est en ligne également sur
http://www.communiques-de-presse.fr/les-debats-televises-sur-la-question-des-sectes-et-de-la-manipul-2.html
)

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