Une société misérable et peureuse

qui cherche à étouffer l'élan spirituel...

Après vingt années de battage médiatique sur les sectes, les effets du conditionnement se font douloureusement sentir en France.

Aujourd'hui, la plus grande partie des Français croit savoir de quoi elle parle quand elle évoque "les sectes". A tel point que la compréhension la plus répandue est qu'il faudrait "en finir" à la manière forte. Un ami me racontait hier comment son voisin était venu lui confier par la fenêtre ouverte de sa maison comment il « tuerait les Témoins de Jéhovah s'il les croisait dans la rue »... et qu'il n'avait hésité jusque-là que parce qu'il craignait que la justice le punisse pour cela (encore, ne semblait-il pas tout à fait sûr de subir une telle sanction !).

D'autres sont déjà passés à l'action en posant des bombes (1) devant des locaux désignés par les médias comme lieu de rassemblement d'une minorité spirituelle (Moon à Paris en 1996, Scientologie à Angers en 1997, 3 mois plus tôt, une représentante de l'ADFI déclarait sur Europe 1, au sujet de la visite du révérend Moon : « Vraiment, je comprends si les gens mettent des bombes ! ». Le centre de l'AMORC à Toulouse à été entièrement détruit par un incendie criminel dans la nuit du 24 au 25 juin 2007) et un homme a même été assassiné dans la rue par son beau-père (2) parce qu'il aurait appartenu à une "secte" ! 

La désinformation prospère sur l'ignorance générale et se propage dans une forme de violence qui devrait tous nous alerter. 

A l'heure actuelle, il n'en est rien. Le bouc émissaire est désigné et les autorités acceptent avec complaisance, quand certaines ne l'attisent pas, que la situation se dégrade au point de créer une nouvelle forme de ségrégation. "Les gens" ne savent rien sur la spiritualité et ce qui la motive. Et pourtant, nous devons tous subir aujourd'hui les propos les plus stupides et les plus haineux sur une question qui demande le plus de subtilité. 

Il est nécessaire et urgent que cette situation évolue. Notre site contient des informations à diffuser largement pour faire contrepoids à la diffamation et la délation ambiante. Si "les gens" ne savent pas de quoi ils parlent, et sont enclins à s'emporter sans discernement, ils ont aussi un désir de connaître la vérité et de ne pas subir de "lavage de cerveau".

Il est grand temps, même si la tâche est grande, de restaurer un peu de bon sens, de finesse et de spiritualité dans ce débat actuellement sclérosé et malsain.

Lu sur un forum antisectes ( source ) :

Ce que j'aimerais savoir c'est "comment sortir quelqu'un que l'on connaît d'une secte????" Mon cas est simple, mon petit ami m'a quitté pour s'investir dans l'église dans laquelle il se rend depuis 5 mois !!! Et au vu de ce qu'il m' a raconté, il s'agit réellement d'une secte et je reste totalement impuissante. Il connait mon point de vue à ce sujet mais persiste à m'affirmer que je me trompe et qu'il ne s'agit pas d'une secte !!!!! Le dialogue est impossible ! Alors j'aurais voulu avoir le témoignage de personnes qui se seraient retrouvées dans la même situation!!! J'ai déjà pris des contacts avec l'ADFI !! Merci de votre aide!!!

Ne trouvez-vous pas ce cri de détresse "exemplaire" ?

Il montre dans quelle confusion est la plus grande partie de la population en France ainsi que la "récupération" si pratique qui est faite de la psychose des sectes. Il est intéressant de noter comment cette personne pousse son cri de détresse avec la certitude qu'on peut "sortir les gens" de là où ils sont, contre leur gré... surtout ceux "qui nous ont quittés", bien sûr, "la secte" étant alors une responsable idéale puisque condamnée d'avance (s'il était parti à l'armée, elle aurait dû trouver d'autres arguments). Mais plus révélateur encore du climat, elle est tout aussi certaine que "le dialogue" signifie "faire entendre raison à l'autre" ("le dialogue est impossible !") ! Son appel à l'aide pathétique est à l'image de centaines d'autres qui arrivent dans les boîtes aux lettres de l' ADFI qui se fait un plaisir "d'apporter de l'aide" à toutes ces "victimes de sectes". J'espère qu'un jour nous pourrons sourire de cette mascarade.

Un autre extrait, malheureusement plus sérieux (source) :

Le séminaire « Sectes et Laïcité » s’est déroulé du 8 octobre 2003 au 23 juin 2004 au Ministère de la Recherche. Sa réalisation s’est effectuée avec le concours du cabinet du Ministre de la recherche (...) Anne Fournier a été l’organisatrice de ce séminaire (...) La démarche était voulue de faire librement entendre des opinions divergentes. Ce parti-pris a mis en évidence le fossé qui sépare le discours de tous ceux qui travaillent sur le terrain et ont eu affaire aux « victimes » directes et indirectes des sectes, et le discours de ceux qui n’abordent le sujet que sur un plan « intellectuel », mettant souvent en avant la liberté d’opinion et la liberté d’association. La démarche entreprise par la MIVILUDES n’a fait que confirmer les différences d’approche dans ce domaine de la France et des Etats-Unis.

De nombreuses personnes profitent aujourd'hui de la psychose collective savamment entretenue autour des minorités spirituelles et se présentent comme des victimes pour qu'un tel argument soit recevable. La question des "victimes" est trop importante pour s'en servir de manière aussi peu scientifique. Si des milliers de personnes se prétendaient victimes de la République, tiendrait-on le même discours ?

Dans sa conclusion, Anne Fournier déclare que « face à l’exigeante obligation de respecter les libertés publiques et les droits individuels, face aux souffrances démontrées par les médecins et les psys et par les plaintes des victimes [des sectes], l’Etat a une légitimité à agir, et donc la MIVILUDES aussi. » Se référant à Condorcet, elle rappelle que toute « vérité nouvelle » doit passer « au crible de la loi et de la raison ». Une nouvelle secte : "loi et raison" ? Si nous sommes des citoyens soumis à la loi, nous ne sommes pas obligés de souscrire aux croyances de Madame Fournier, ni de tout autre représentant de l'État, lequel, rappelons-le, et selon sa propre volonté, n'est pas censé intervenir dans les questions religieuses ou spirituelles.

La France a décidément grand besoin d'air frais

Certains hommes politiques opportunistes s'emparent-ils de la question des sectes pour s'offrir une publicité ou compenser leurs lacunes par ailleurs ? Quoi qu'il en soit, ils causent un grand tort à notre société et nous avons peu d'espoir qu'ils prennent conscience de leur égarement aujourd'hui.

Les médias alimentent la terreur et la désinformation et se sont, dans leur grande majorité, tellement éloignés du rôle précieux qu'ils sont sensés tenir que nous n'attendons rien d'eux non plus.

Notre attention est ailleurs, en direction du "grand public", qui est véritablement la sève de notre société, et que le CICNS travaille à informer, dénonçant les mensonges pour tenter d'insuffler un peu d'oxygène dans l'air vicié des pensées (uniques) et des peurs (conditionnées).

Nous vivons dans une société où l’expérience spirituelle, absente des fondations et des choix politiques, est, de surcroît, niée quotidiennement. Toute personne engagée dans une démarche spirituelle au point d’en avoir fait le coeur de son existence sait, au fond d’elle-même, que son choix est aujourd’hui menacé, comme au pire temps de la chasse aux sorcières ou du Maccarthysme, que le sens de sa vie est désigné comme une erreur, une maladie ou un crime et que la "sanction" ne saurait tarder. Témoigner d’une quête ou d’une expérience spirituelle est périlleux aujourd’hui et, à lire la haine bien orchestrée par les propos des antisectes (et si les plus furieux d’entre eux ne tentaient pas de se contrôler, nous ne serions pas très loin du temps des arènes et des lions)

Des injustices quotidiennes, des jugements scandaleux, des croisades mensongères se produisent tous les jours. Beaucoup, dans les mouvements spirituels, sont informés de la grossièreté des activistes antisectes, de l’ignorance des arguments de l’UNADFI et pourtant, malgré cette épée de Damoclès qui tient par un fil au-dessus de la tête des chercheurs spirituels, le choix de ces derniers est encore de se cacher, pensant que l’épée tombera moins vite s’ils restent dans l’ombre que s’ils se montrent. Vous êtes peut-être de ceux qui ont fait ce choix et nous ne doutons pas que vous ayez de nombreux arguments rationnels ou plus subtils pour le justifier. Mais, dans le survol de nos contacts, il a été constaté que c’est en fait la peur qui est à l’origine de ce choix. Or, en tous temps où les minorités ont été jetées à la vindicte populaire, la peur a incité au repli. Il a toujours fallu que la dérive de ces atteintes aux libertés fondamentales atteigne des proportions importantes pour que les personnes concernées esquissent un semblant de réponse. Sans doute n’en sommes-nous pas là aujourd’hui, car une poignée de personnes qui se rassemblent pour défendre la fondation essentielle de l’humanité, c’est peu, trop peu… Aujourd’hui, constatant que les hommes ne tirent pas d’enseignement des égarements du passé, nous allons cependant poursuivre notre action pour une éducation des victimes de la croisade antisectes, une information sur les moyens de ne pas y céder et, nous l’espérons, une dynamique grandissante des concernés pour créer un mouvement populaire et représentatif de ce que l’homme a de mieux à proposer à nos sociétés désenchantées, aux principes obsolètes et réducteurs. Le monde attend que nous nous réveillions, pas que nous somnolions avec les masses inertes, hypnotisées par la peur et les slogans du "bien-être" matérialiste. Il doit y avoir en chacun de nous un sentiment de vivre une époque qui nous présente, comme dans le passé, un aiguillage : soit le repli dans la peur, soit l’affirmation de nos droits naturels à vivre l’essentiel du projet que nous propose cette existence.

Hier quelqu'un nous dit : 

"Mais quand même, les sectes existent bel et bien ?!"

Le mot "secte" a le pouvoir d'animer des débats passionnés. Tout le monde a son "idée" sur la question.

Trop peu des personnes concernées s'interrogent cependant sur l'origine de leurs "idées" , qu'elles prennent pour des pensées "neuves" alors qu'il s'agit le plus souvent de réaction épidermique ou de la récitation des lieux communs les plus répandus. Dans les discussions les plus calmes, on trouve toujours quelqu'un qui exprime son désaccord de la manière suivante "je suis d'accord, mais... les sectes existent quand même !?".

D'où vient cette certitude ? Qu'est-ce donc qu'une "secte" ?

On entend dire des choses par les médias que nous ne vérifions jamais et que la plus grande partie de la population prend pour argent comptant. On parle des sectes comme on parlait de la bête du Gévaudan. Ceux qui ne l'avaient jamais vue avaient souvent une description précise à faire à son sujet et, en tous cas, tout le monde avait quelque chose à dire à son sujet. Quand plusieurs millions de personnes, comme c'est le cas en France, commencent à affirmer des choses qu'elles ont entendues comme si elles savaient de quoi elles parlaient, nous avons affaire à un conditionnement collectif... et à ses conséquences malheureuses.

Mais si nous jugeons les conséquences malheureuses, elles ne le sont pas pour tout le monde. Nous découvrons alors que le germe de division qui a été planté un peu partout, et pas seulement par le vent (même dans les cercles spirituels), est en pleine croissance.

Ensuite, on entend dire "les sectes sont dangereuses". C'est la précision qui découle de l'affirmation précédente. On a trouvé une source de danger et il serait dommage de l'abandonner ! Il plane ainsi dans l'air de France une certitude au sujet d'entités malfaisantes, prêtent à nous happer pour peu que nous les approchions et incarnant tous les risques qu'un être humain civilisé pourrait craindre : "ils" en veulent à votre argent, à votre sexe et à votre pouvoir. Hors les sectes, le trépied de la vie de l'ego est sauf.

Dans les faits, l'être humain sans conscience est dangereux. La façon dont il parle des sectes le démontre. Les dangers n'appartiennent pas plus aux groupes spirituels qu'à tout autre assemblée humaine.

C'est là où commence la manipulation.

Si nous acceptons assez volontiers de livrer à la Justice ceux qui commettent des crimes (bien que la Justice mériterait certainement d'être mieux inspirée également), nous ne pouvons plus accepter que l'amalgame soit fait entre la criminalité et un quelconque groupe à vocation spirituelle. Comme je le disais par ailleurs, quand des pompiers mettent eux-mêmes le feu à une forêt, comme nous l'avons vu il y a quelques mois, on n'invente pas une "secte des pompiers" pour la dissoudre ou la mener en justice. Quand les agents de police ou les enseignants se suicident (le plus grand nombre de suicides a lieu dans ces institutions), la Police et l'Éducation nationale ne sont pas désignées comme des sectes suicidaires dangereuses !

Cette mascarade doit donc cesser et, en premier, dans les mouvements spirituels ou thérapeutiques, où le conditionnement est le plus déplacé et le plus dommageable.

La quête spirituelle a une place légitime dans nos sociétés, tout autant que les pompiers ou les enseignants. Si cela n'était pas remis en question, par des personnes ou des groupes qui ont intérêt à le faire, l'association spiritualité - criminalité ne serait pas aussi populaire.

Quelqu'un d'autre nous propose une définition de la minorité spirituelle :

"Une secte est un rassemblement de personnes libres de venir et de partir à leur guise autour d'un même intérêt spirituel ... aucune notion d'attachement malsain"

Cette notion "d'attachement malsain" fait partie de la "culture négative" au sujet des sectes. L'attachement, qu'il soit à un enseignant spirituel, ou à ses parents, son mari ou son épouse, ses enfants, à sa profession etc. peut être jugé malsain de manière égale dans tous ces domaines. Il y a autant de possibilité d'abus dans une famille "de sang" que dans une famille "spirituelle", comme autant de possibilité d'enseignement sain et d'amour. Le fait de monter en épingle des abus, que nous savons très rares, en fait, par rapport à ce qui se fait partout dans nos sociétés, manifeste une intention de discrédit à l'endroit où l'être humain s'interroge le plus sérieusement sur les questions importantes de notre existence. Pourquoi cette intention de discréditer la démarche spirituelle ? C'est à cela que nous tentons de répondre.

Quelqu'un nous demande : 

"Pourquoi n'interrogeons-nous pas plus ceux  qui sont "sortis des sectes de leur plein gré ?"

Une ou plusieurs personnes quittant une minorité spirituelle , une religion établie ou un parti politique et ayant des remarques - positives ou négatives - à formuler ne constituent pas réellement une "base de données" fiable. Nous avons appris que pour qu'une recherche soit dite "scientifique", il fallait des critères beaucoup plus nombreux et impartiaux.

C'est malheureusement l'attitude contraire que l'on voit le plus souvent dans la lutte antisectes : un "ancien" est amené sur tous les plateaux de télévision, comme s'il représentait tous les "adeptes" présents ou passés et, à la suite d'un briefing sérieux (son langage ressemble soudain étrangement à celui de l'anti-sectarisme), il révèle enfin "la vérité". Mon Dieu ! (permettez-moi l'expression). Pour que cette suggestion ait une réelle portée pédagogique, il serait nécessaire que ceux qui la proclament s'engagent à rassembler plusieurs centaines ou milliers d'anciens adeptes et que les questions qui leur seraient posées respectent les règles impartiales évoquées plus haut.

Ce travail un peu rébarbatif aurait certainement pour effet de dissiper la poudre aux yeux des "apostats sur mesure" que l'on nous présente à chaque occasion dans les médias traditionnels.

Quelqu'un fait ce commentaire : 

"Il est utile de savoir discerner entre une opinion et la connaissance de quelque chose. Le fait de penser et d'avoir une opinion peut servir en termes d'approche et de préparation à connaître, mais la connaissance est plus profonde, plus juste."

Nous ne demandons à personne d'avoir une "connaissance" de toutes les minorités spirituelles et de leurs motivations. La tolérance suffira. Les minorités spirituelles ne demandent pas à être comprises mais respectées et, en particulier, que l'on cesse de les harceler pour des raisons qui ne les concernent généralement pas.

Nous ne négligeons pas la pertinence de cette suggestion en disant cela, mais nous savons que tout le monde ne comprendra pas ni ne cherchera à "connaître" vraiment des démarches qu'ils ont jugées farfelues et qu'on leur a appris à croire dangereuse depuis 20 ans.

Mais il nous semble juste de demander, dans un pays comme la France, à ce que la diversité des orientations soit respectée.

Une autre remarque d'un visiteur du site : 

"Il y a aussi des regroupements abusifs et dangereux. Dangereux parce que leur but n'est pas spirituel mais de promouvoir l'ego d'un fondateur, l'accumulation d'argent, l'abus des biens ou des corps. C'est important aussi de le reconnaître."

L'activisme antisectes est fondé sur cet argument populaire. C'est une manière d'attiser la peur et il me semble que nous avons mieux à faire que de participer à la psychose collective. Les dérives sont traitées par les autorités compétentes. Le fait qu'une dérive se produise dans un cercle spirituel restreint ne devrait pas amener à condamner la démarche spirituelle en général. C'est pourtant ce qui se passe et c'est à partir de ce constat que le CICNS a été créé.

En réalité, qui, parmi nous, sait vraiment s'il existe un groupe dangereux ? Nous en entendons parler, nous répétons ce que nous entendons et nous participons ainsi inconsciemment à l'entreprise de destruction.

La première vigilance est ici, à mon sens. Ne participons pas au mensonge et rassemblons nos forces et nos consciences pour restaurer la vérité. L'amalgame entre les affaires criminelles et la spiritualité est déjà copieusement servi par les médias, ne croyez-vous pas que nous pourrions passer à autre chose, de notre "côté" ?

Une question nous est posée : 

"Comment départager une religion de ce qui ne l'est pas ?"

Nous ne sommes pas là pour définir quelque chose pour les autres. Nous n'avons pas à protéger l'autre d'une "erreur" éventuelle. C'est ce qu'on appelle la " liberté de conscience". Notre conception de l'erreur est souvent issue de nos peurs et de nos conditionnements. C'est ainsi que les "rationalistes" voudraient voir disparaître la religion. Les antisectes veulent voir s'éteindre la quête spirituelle. Et vous voudriez trier le bon grain et l'ivraie. A partir de quelles certitudes ? Il faut un donc un peu d'humilité sur cette question.

La liberté de l'être humain est aussi celle de faire des erreurs. C'est à chacun, en son âme et conscience, de faire ses choix. Aujourd'hui, on voudrait nous faire croire que les choix des antisectes seraient mieux inspirés que ceux des enseignants spirituels, par exemple. Cela est faux. C'est justement parce que le "juste choix" ne peut pas être déterminé avec certitude que nous devons affirmer que la démarche spirituelle est une invitation à s'en rapprocher. L'acte criminel aujourd'hui est de vouloir étouffer la quête spirituelle et de participer plus ou moins consciemment à cette croisade.

Ce à quoi cette personne répond : 

"J'ai le droit de vouloir protéger les enfants d'abus dont ils n'ont même pas idée ! C'est aussi ma liberté. Comme on dit : "La liberté des uns s'arrête où commence celle des autre". J'ai le droit d'informer, de donner mon opinion, pour que les personnes puissent faire un choix éclairé. Surtout les enfants."

Le droit de protéger n'est pas mis en question. Mais de quelle protection parlons-nous ? Si vous avez peur de quelque chose, vous allez instinctivement vouloir protéger vos proches de cette même chose. Mais d'où vient cette peur ? Si vous avez peur des papillons, vous transmettrez certainement cette peur à vos enfants. Il n'y a pas de doute là-dessus. Et pour peu que quelqu'un fasse une campagne habile sur les risques des papillons, vous aurez même des arguments pour soutenir votre peur (il existe une théorie de la physique, la théorie du chaos, qui dit que le battement d'aile d'un papillon en Australie peut produire un tremblement de terre au Japon !).
Si les médias ont réussi à alimenter une psychose au sujet des sectes, les parents s'exprimeront bientôt tous comme vous le faites et diront : "J'ai le droit de protéger mes enfants des sectes". Mais il ne s'agit alors que d'une peur brute, pas d'un choix conscient, basé sur une réflexion ou une connaissance véritable de la question. Par conséquent, "le droit de donner son opinion (...) pour que (les autres) puissent faire un choix éclairé" a peu de chances d'être une bonne source de protection. Les "opinions" sont plus souvent façonnées par les médias aujourd'hui que par la sagesse. Et vouloir protéger ses enfants sur la base des peurs collectives n'a rien de sage, même si on peut parler d'un "droit".Un choix éclairé n'est jamais issu de peurs irraisonnées ou d'influences. Or, la plupart des personnes qui croient "penser par elles-mêmes", comme on le revendique généralement, ne font que répéter des arguments prédigérés.

Une grande partie des "abus" qui sont reprochés aux sectes par exemple sont dénoncés à partir d'opinions qui peuvent être discutées. Quand le gouvernement affirme que "les sectes" coupent de la société, il part du principe que la société est source de tous les biens et qu'il n'y a rien à ajouter ou retrancher. C'est juste une opinion. Et le gouvernement peut se prendre pour un "parent éclairé" en privant ses "enfants" des formes nouvelles de la spiritualité.

Vous comprenez l'intérêt d'un nouveau regard qui demande à chacun de se pencher avec humilité sur un conditionnement dont nous avons tous subi les conséquences, même en pensant être "sincère" ou "éclairé" ?

Vous comprenez comment les personnes en quête spirituelle devraient être les premières à réviser sérieusement les "opinions compulsives" qu'elles expriment quotidiennement, faisant le jeu des manipulations collectives ? Notre énergie devrait être consacrée à restaurer un regard sain, sans le poids de ces peurs irraisonnées, venues du fond des âges, et que certains savent réveiller en temps voulu.

Une dernière réponse de la même personne : 

Si on dit : "Il n'y a QUE le gouvernement qui délire sur les dérives sectaires, parce qu'elles n'existent pas du tout". On manque d'objectivité. Si on dit : "Tous les mouvements spirituels sont des dérives sectaires". On manque aussi d'objectivité. Il faut trouver la voie du milieu."

Oui, mais il nous semble nécessaire de cesser de circonscrire les "dérives" au phénomène spirituel, comme si cela devait rester un point de focalisation. Que ce soit de manière positive, négative ou plus dans la "voie du milieu", le fait d'associer la démarche spirituelle aux dérives est déjà un manque d'objectivité en soi. C'est un enfermement. Le débat à tendance à être enfermé (notre dialogue en est un peu la démonstration) dans cette perspective et c'est pourquoi nous invitons à élargir le débat.
C'est la place naturelle de la recherche spirituelle dans notre société qui pâtit de cette situation et nous avons mieux à faire que d'entretenir cette vision fermée... Et renverser le processus en disant que la recherche spirituelle n'a rien à voir avec la criminalité ne me semble pas un excès par les temps qui courent. C'est juste à contre-courant de la "pensée unique".

(1) L'’explosion d’une bombe devant l’Église de l’Unification du révérend Moon dans le XIV° arrondissement en 1996 avait été traitée ainsi par un journaliste du Figaro : « Cette affaire à priori mineure relance le débat sur la prolifération des églises parallèles dans la capitale ». Dans le même encadré, le journaliste avait listé « 57 adresses dans le collimateur à travers 17 arrondissements de Paris.

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(2) Le mardi 28 juillet 1992, à Lyon Roger Dorysse, retraité de 62 ans, tire froidement plusieurs coups de carabine sur Jean Richard Miguères. Sa victime s’effondre atteinte aux jambes. Roger Dorysse retourne tranquillement à sa voiture, recharge son fusil et achève froidement sa victime à bout portant. Jean-Richard Miguères était le fondateur d’un mouvement UFOlogiste. Il était le gendre de Roger Dorysse et le jeune couple venait d’emménager dans un quartier de Lyon. Le couple Dorysse aurait été un ardents militant de l’ ADFI Lyon, le CEIRUS catalogué comme une secte dangereuse et, selon les déclaration de la sa présidente, dans le "collimateur" (sic) de l’association. D’ailleurs, aussitôt le meurtre révélé dans la presse, la présidente de l’ADFI n’aurait pas hésité à accabler Jean Miguères en l’accusant d’être un homme dangereux et malfaisant sans exprimer les moindres condoléances pour sa veuve. Le CEIRUS n’avait jamais fait parler de lui dans la région et ses activités se limitaient à l’organisation régulière de conférences sur le sujet des OVNI. Madame Dorysse a déclaré à la presse : “Mon mari regrette bien sûr son geste, mais il est totalement soulagé et serein. Il a fait ça dans un seul but sauver notre petite fille des griffes de ce dangereux personnage”. 

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Lire aussi :

Qu'est-ce que la liberté de conscience ?

Qu'est-ce qu'une minorité spirituelle ?

Qu'est-ce qu'un amalgame ?

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Qu'est-ce que le communautarisme ?

Lire également "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" aux Presses Universitaires de Grenoble (PUG) qui démontre de façon brillante comment notre quotidien est saturé de manipulations, jamais dénoncées et souvent encouragées.

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