Une nouvelle Ère ?

par André Tarassi

7 mai 2007

C’est fait, la France s’est, bon gré mal gré, choisi un nouveau président et Nicolas Sarkozy s’est probablement réveillé ce matin avec le sentiment d’une satisfaction mêlée d’appréhension. Ses efforts pour accéder à la fonction suprême ont été finalement récompensés et plus de la moitié du pays la lui a servie sur un plateau.

 

Pour les Français, ce matin, rien n’a changé. Certains veulent encore croire à une révolution dans les domaines qui leur tiennent à cœur mais beaucoup savent déjà que la transition sera surtout visible pour le Président.

 

Après s’être passionnés par ce duel au sommet, comme s’ils étaient concernés par l’ambition des deux gladiateurs, les Français vont retrouver la structure inaliénable de leur quotidien, dégrisés sans doute, comme ils le sont à chaque fois, par le souvenir que les envolées lyriques des campagnes sont surtout portées par l’espoir de « devenir quelqu’un » plutôt que de « servir le pays ».

Nicolas Sarkozy est donc devenu quelqu’un. Le monde entier s’intéresse à lui et les commentaires internationaux font une sarabande qui doit lui donner le vertige.

Si nous comprenons bien que l’extase du pouvoir fait partie du jeu et si nous voulons bien placer notre confiance dans le potentiel de ce jeune Président, nous aimerions cependant l’interpeller le plus rapidement possible sur le « service au pays ».

 

Il y a des questions essentielles qui n’ont pas ou peu été évoquées pendant la campagne et sur lesquelles nous aimerions attirer son attention.

 

M. Sarkozy souhaite que les Français travaillent plus pour gagner plus.

 

Cette formule veut dire que le pouvoir d’achat, le désir de consommer et le travail qui en est le corollaire sont les facteurs d’une société tenue par la bride, sans débordement et qui permet aux puissants (ceux qui sont « devenus quelqu’un ») de gouverner tranquilles.

Nous avons une autre perception de la société et nous ne saurions cautionner cette orientation comme une valeur saine. Travailler à tout prix ne devrait pas être une cause principale dans une société et le fait qu’une bonne partie du peuple chante le même refrain est assez inquiétant quant à la manipulation collective que cela implique.

Une civilisation peut certainement encourager ses populations à « servir le pays », à trouver leur vocation et à favoriser l’entraide, mais ne devrait pas ériger « le travail à tout prix » (c’est-à-dire n’importe lequel pourvu qu’on en ait un) comme ligne directrice d’une existence.

Bien sûr, cette perception du service au pays exige un véritable renouveau ; une révolution. Mais nous avons cru comprendre, durant cette campagne que le candidat y aspirait autant que son peuple.

 

M. Sarkozy veut restaurer l’autorité et la sécurité

 

Une autorité saine et efficace veille à rester équilibrée. Elle ne s’exprime pas par emportement brusque. Elle s’appuie sur l’écoute, la concertation, et une compréhension non manichéenne des problèmes d’une société. Un gouvernement peut faire preuve d’autorité et même de fermeté mais celle-ci sera d’autant mieux acceptée par tous qu’elle puisera dans des valeurs humanistes, pour le moins, et spirituelles. Il ne s’agit pas d'observer le monde comme un champ de bataille mais comme un espace où faire triompher l’intelligence et l’amour.

 

 

M. Sarkozy veut une société plus morale

 

Qui va décider de ce qui est moral et de ce qui ne l’est pas dans les cinq prochaines années ? Quand nous voyons comment les minorités spirituelles en France ont été dans le passé condamnées sans discernement, le rouleau compresseur d’une Justice sous influence et de médias sans déontologie écrasant comme de la vermine des projets et des existences sans la moindre considération pour leur valeur et avec l’excuse d’une certaine morale, nous exhortons le nouveau dirigeant de notre pays à une révolution dans le domaine de la morale républicaine, qui devrait d’ailleurs gagner toutes les sphères du pouvoir. Il y a là une urgence qui n’a pas fait la une des campagnes mais qui nous semble beaucoup plus sérieuse et fondatrice.

 

Pour notre part, nous souhaitons que soient restaurés le respect de la différence, la tolérance et la place de nos démarches spirituelles dans cette société à naître.

 

Nous avons cru lire dans les propos de M. Sarkozy, ces dernières années, une aspiration qui ressemble à la nôtre. Il nous a semblé que son souhait de voir la religion et la spiritualité garder leur place dans l’existence de ses concitoyens était sincère et même courageux devant les critiques qu’il a suscitées.

Nous espérons plus que tout que la charge qui l’attend ne le lui fera pas oublier.

 

Le CICNS se présente en tous cas comme un partenaire et un relais pour cette question essentielle dans notre société. Toute l’équipe de notre association présente ses félicitations au nouveau Président de la République française et l’assure de son entier dévouement à mettre en œuvre les réformes évoquées ci-dessus.

 

André Tarassi est né en 1961, il est le fondateur du CICNS. Chercheur indépendant, il étudie les Nouvelles Spiritualités depuis 25 ans. Il a étudié le journalisme et la télévision aux États-Unis.  Il a publié, sous un autre nom, plusieurs ouvrages sur la démarche spirituelle.

 

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