Le rapport 2006 de la MIVILUDESMission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectairescommentaire de Michel de Coutelle En
introduction de son rapport 2006, M
. Roulet déclare que : « L’année
2006 aura été une année de travail et d’efforts (…) Afin, également,
que les mouvements sectaires et leurs responsables n’aient aucun doute sur la
détermination de La
suite du rapport, ainsi que les contacts que nous avons pu avoir avec les
services de Originalité
de ce rapport sans surprise sur le fond (nous n’en attendions donc pas) :
la MIVILUDES
s’essaye, pages 14 à 36, à une étude psychanalytique et sociologique des
travers attribués aux sectes. Il est clair que certains reproches adressés ces
dernières années à la MIVILUDES
ne sont pas tombés dans l’oreille de sourds et qu’une tentative de donner
une image plus académique et moins antireligieuse primaire leur est apparue
indispensable. Cette quête d'une meilleure image serait louable s'il n'y avait cette tentative de discréditer de la manière la plus superficielle et la plus diffamatoire le son de cloche apporté par les critiques de l’action de la MIVILUDES comme le CICNS. On trouve ainsi cette affirmation au sujet de notre association : « Le CICNS mène campagne … pour la libéralisation du droit de propriété intellectuelle » et « sa cible principale est le droit d’auteur ». Quelle plaisanterie douteuse ! Comme si l’action de notre association était concernée en priorité par cette question dont nous avons fait un petit encart hors sujet à l’occasion d’un litige de copyright. Il est sans doute plus fructueux, pour la MIVILUDES , de définir le CICNS à partir de propos pris hors contexte de son action véritable (en y réfléchissant, ce petit tour de passe passe qui réduit l'action du CICNS à une absurde "lutte contre les droits d'auteurs" et dont l'effet serait dommageable pour "le tissu économique" n'est sans doute pas un hasard et nous éclaire certainement sur les craintes et objectifs de la mouvance antisecte). Plus
loin, la traditionnelle affiliation à Les
méfaits des sectes De longues pages (36 à 134) répètent ad nauseam les accusations habituelles faites en vrac aux minorités spirituelles - « les sectes » -, laissant le soin aux lecteurs dont l’esprit est martelé par tant de « diabolisme » de les transférer à tout groupe ou personne de son voisinage puisqu'aucune distinction n’est faite entre des groupes ou personnes éventuellement condamnées et les autres. Cet amalgame que nous dénonçons depuis plusieurs années, et qui est, lui, la véritable « cible principale » de notre action, se poursuit avec constance. Le bulldozer de l’intégrisme laïque avance pour déblayer la route d’une République purifiée de toute expression spirituelle et de toute différence. Page
102, Les victimes de la chasse aux sectes sont réelles et subissent de surcroît l’invisibilité conférée par des médias complaisants qui se nourrissent aujourd’hui exclusivement aux sources de l’antisectarisme le plus primaire. Il se trouve que leurs accusations sont plus vendeuses que nos informations. Page
257, par contre (et la révélation est un comble l’année de la commission
d’enquête sur les sectes et l’enfance !), on peut lire : « Comparée
aux années précédentes, l'année scolaire 2005- La
conclusion du rapport Le
premier paragraphe illustre à lui seul le fantasme de « L’année
écoulée illustre bien l’évolution du phénomène sectaire tant en France
que dans le monde. En effet, si l’on
n’a, fort heureusement, pas eu à déplorer de grande manifestation délirante
et dramatiquement spectaculaire, on
assiste, en revanche, à une volonté soutenue, de la part des mouvements en
question, de se noyer dans le paysage, de se fondre dans la masse, de s’insérer
dans tous les rouages de la société, sous couvert de soins, de formation,
d’assistance, de compétences spécifiques, voire, de spiritualité, bref, de
tout ce qui peut paraître sympathique et honorable. » Lisons-nous la même chose ? Il
ne s’est rien passé cette année et les sectes paraissent même sympathiques
et honorables ! Mais la constance des chasseurs de sectes n’en est cependant pas affectée (pourquoi le serait-elle ? le bulldozer qui avance sans conducteur est-il affecté par le fait qu’il n’y a rien à déblayer ?) : « Que les victimes et leurs familles soient assurées de la volonté sans faille des pouvoirs publics de faire en sorte que les dommages qu’elles ont subis, sont pris en compte et seront réparés». Les membres du CICNS sont pour leur part assurés, « grâce » à ce dernier rapport, que même les dommages qui n’ont pas été réellement subis risquent, comme les années passées, d’être « pris en compte » et de donner lieu à des règlements de compte, retraits de gardes d’enfants après divorces, des diffamations et même des suicides causés par cet aveuglement volontaire d’un appareil répressif qui ne manifeste aucun signe de maturité.
Note : Nous avons pu constater à quel point l'analyse de la MIVILUDES est "attentive" : les citations de cet article très court sur le "copyright" attribuées au CICNS ... sont en fait de Mark Lemley de l'école de droit de Stanford. Il suffisait de lire attentivement pour le réaliser. On pourrait se demander, pour paraphraser M. Fenech de la commission parlementaire sur les sectes et l'enfance qui critiquait les résultats scolaires des enfants de Tabitha's Place, si les rédacteurs de ce rapport sont "capables de restituer le sens ce qu'ils ont lu". Revenir au texte
La
section du rapport la MIVILUDES décrivant
« l'emprise ou la mise en état de sujétion » (p14
à 36), suscite plusieurs remarques. Quelles
sont les personnes visées dans cette section ? Les termes « secte »
et « dérives sectaires » ont rendu abstraite la population concernée
qui n'a presque jamais la faveur de s'exprimer, de témoigner ; la
possibilité même de lui accorder une audience est considérée comme
impensable. On connaît deux ou trois noms répétés
inlassablement, mais la population concernée est très large ; la position d'un
organisme comme C'est
dire que l'analyse proposée, péremptoire, concerne des milliers de
personnes dont on apprécie ainsi les supposées carences psychologiques infligées
ou subies. Il est utile de se représenter visuellement ces milliers de
personnes devant soi, de leur donner chair, et de s'interroger :
sont-elles réellement irresponsables, manipulées ou manipulatrices et
l'élan spirituel à la base de ces rassemblements n'est-il qu'un paravent ? Il
est probable que si ces hommes et ces femmes étaient vus
et écoutés, beaucoup des préjugés entourant
les minorités s'effaceraient. Surtout pas, diront les tenants du
discours anti-secte, ce serait prendre le risque d’être manipulé ! L'analyse
psychologique tentée dans le rapport doit être évaluée à partir des
intentions qui sous-tendent les hypothèses de base. Ces hypothèses peuvent être
résumées comme suit : les membres des sectes sont soit manipulés,
soit manipulateurs; le témoignage de ceux qui expriment une souffrance est une
preuve de la nocivité du groupe; le témoignage de ceux qui se sentent bien est
aussi une marque de la nocivité du groupe qui parvient à cette illusion par
manipulation. L'intention
derrière ces hypothèses n'est donc pas d'étudier la population des minorités
spirituelles mais de montrer qu'elles sont toutes le foyer d'un lavage de
cerveau. Notons
que beaucoup de lecteurs du rapport n'auront pas la grille de lecture suffisante
pour saisir véritablement le bien-fondé de toutes les notions psychologiques
évoquées (cela concerne l'auteur de ce commentaire et sans doute une bonne
partie du CEPO et du CO de Nous
ne ferons pas à L'utilisation
des sciences « humaines » dans la gestion des affaires publiques et
la conception des lois nous semble mériter les plus extrêmes précautions
étant donner la fragilité des théories en question. Et ceci d'autant plus que
la vulgarisation scientifique permet aujourd'hui à chacun de parler de notions
que peu maîtrisent et de s’habituer ainsi à prendre position à partir de
ces simplifications intellectuelles. Ces précautions ne sont malheureusement
pas respectées en France et la loi About-Picard en est l'exemple le plus
criant. P 29 du rapport il est dit « Les experts auprès des tribunaux
consultés par Enfin
pour la nième fois, on s'étonnera à nouveau de l'absence de contribution des
sociologues des religions dans ce rapport et dans cette section plus particulièrement
; il est vrai qu'ils ont la mauvaise idée, dans leur grande majorité, de
ne pas se contenter d'une approche superficielle et de ne pas partir d'idées préconçues
sur les groupes étudiés. André Tarassi est né en 1961, il est le fondateur du CICNS. Chercheur indépendant, il étudie les Nouvelles Spiritualités depuis 25 ans. Il a étudié le journalisme et la télévision aux États-Unis. Il a publié, sous un autre nom, plusieurs ouvrages sur la démarche spirituelle. Eric Bouzou est né en 1958. Il est ingénieur. Son parcours technique a été jalonné de rencontres avec des personnes animant la dimension spirituelle de l'homme. Son intérêt pour la défense de la liberté spirituelle l'a conduit à s'engager activement dans l'action du CICNS.
Lire également "Le séminaire sectes et laïcité de la MIVILUDES" Le Guide de l'agent public face aux dérives sectaires et le rapport 2003 le rapport 2004 le rapport 2005
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