Le suicide du docteur Jullien

 

En mars 2000, un médecin a choisi de mettre fin à ces jours  à la suite d'une rumeur, comme en subissent des centaines de personnes en France, sur les variations multiples du mot "secte". Ses proches et ses connaissances, le propriétaire des lieux qui hébergeait son centre « Epinoïa » au château de l’Isle-sur-Serein, d'autres médecins, des toxicomanes ayant résidé dans le centre le présentent comme un homme exemplaire, dévoué à sa cause de manière désintéressée, discret et modeste, loin de cette image de "gourou de secte" dont on l'avait affublé.

 

Le centre Epinoïa était un lieu ouvert aux toxicomanes et aux psychotiques qui pouvaient, à la suite de ce séjour, selon les dires de nombreux patients, retrouver la société avec une plus grande autonomie.

 

Le propriétaire du château, Monsieur Allen a déclaré : « Aurais-je supporté une secte sur ma propriété ? D’ailleurs, en constatant l’œuvre humanitaire du docteur Jullien, je n’ai même plus voulu qu’il me paie un loyer, tant ses moyens étaient modestes. Une secte : Epinoïa ? Je crois plutôt qu’on voulait déloger le docteur Jullien pour acquérir ses locaux »

 

La rumeur de secte aurait-elle été lancée comme prétexte pour fermer le centre Epinoïa, comme cela se fait depuis les débuts de la campagne antisectes en France ? 

 

Selon le spécialiste de la sécurité : « On a reclassé le centre dans une catégorie supérieure pour le contraindre à des travaux inutiles compte tenu qu’il s’agit d’un foyer de résidence et non d’un centre médical. Les patients étaient envoyés par l’hôpital psychiatrique où ils se rendaient chaque mois pour leur suivi médical. Ils habitaient dans des chambres individuelles en rez-de-chaussée, et donnant directement sur l’extérieur. Pour la commission d’enquête, j’ai été stupéfait de voir qu’on a fait venir de hauts responsables des services de sécurité du département. Et eux-mêmes se trouvaient gênés d’être là. Ce sont des professionnels qu’on aurait même pas dérangé pour une visite de sécurité à l’Opéra Bastille ! J’affirme que le docteur Jullien a été la cible d’un harcèlement injustifié au vu des normes de sécurité qui s’imposent dans un lieu non médicalisé, recevant des personnes valides, libres d’aller et de venir. Je n’ai jamais vu ça durant mes trente années d’expérience professionnelle. »

 

Après deux ans, le maire a décidé la fermeture du centre, avant même que le docteur Jullien ait pu commencer les travaux exigés. Yves Jullien s'est donné la mort le 6 mars 2000. 

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