HADOPI

CICNS, décembre 2010

La loi HADOPI (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), censée protéger la création artistique sur l'Internet, est, pour certains, une nouvelle occasion saisie par les pouvoirs publics pour filtrer le Net (Numerama). Cette loi de protection pour les uns, de surveillance pour les autres et dont les contours techniques et leurs conséquences restent flous, va néanmoins conduire à l'installation d'une infrastructure informatique, télécom et logicielle qui, si elle permettra tant bien que mal de pénaliser des téléchargements illégaux (la polémique sur la fiabilité de l'adresse IP comme identification n'étant pas refermée), sera également à même de surveiller tout type de trafic.

La loi HADOPI, remaniée à plusieurs reprises, a fait couler beaucoup d'encre. Et Nicolas Sarkozy a même annoncé sa version 3 sous peu (Le Post). Avec la loi LOPPSI 2, elle initie un dispositif dont un effet collatéral (peut-être même souhaité ou même anticipé) sera d'écorner, voire de mettre fin à la neutralité du Net. La polémique actuelle autour de Wikileaks a probablement échaudé un peu plus les « surveillants » qui se sont vus soudainement dans la position inconfortable des « surveillés » (les arroseurs arrosés). Mais il ne s'agirait pas de mettre sur le même plan le juste respect de la vie privée et une exigence abusive de secret dans la conduite des affaires publiques.

Il est fort regrettable que les personnes censées voter ces lois en connaissance de cause démontrent à de nombreuses occasions leur incompétence totale sur le sujet (Ouvertures). Il est également dommage que les artistes favorables à la loi HADOPI, tout en étant légitimes dans leur demande de régulation, ne s'aperçoivent pas que la protection de leur expression artistique, en l'état, risque de se traduire à terme et insidieusement par une perte de liberté d'expression bien plus grave.

Il serait naïf de penser qu'un pouvoir disposant des moyens de surveillance et de filtrage ad hoc ne les utilisera pas, même sans raison valable. Les minorités spirituelles en savent quelque chose.

 

 

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