Courrier à la MGEN

A l'attention de Jean-Michel Laxalt, président de la MGEN (Mutuelle Générale de l'Éducation Nationale)

1 août 2005

Monsieur;

Le Centre d'Information et de Conseil des Nouvelles Spiritualités est une association indépendante qui propose un nouveau regard sur les minorités spirituelles en France. Vous êtes invité à visiter notre site www.cicns.net pour des informations détaillées sur notre action.

Vous publiez dans votre magasine "Valeurs mutualistes" numéro 238 de juillet/août 2005 un article intitulé : "Sectes : la lutte continue".

Cet article perpétue un amalgame qui est admis sans questionnement entre la spiritualité et la criminalité. Pourquoi ?

Le terme de secte est diffamatoire (l'ADFI reconnaît ne plus vouloir l'utiliser pour cette même raison). Le simple fait de l'utiliser stigmatise immédiatement le groupe qui en est la cible et lui ôte toute présomption d'innocence. Il suffit d'affubler de ce terme quiconque déplait en raison de pratiques originales pour réveiller une peur unanime et rejeter l'intrus.

Vous donnez dans votre article un espace d'expression très large à l'ADFI. Cet organisme s'enorgueillit d'avoir une liste de 600 à 800 mouvements sectaires incluant la liste du rapport parlementaire de 1996 que le gouvernement demande aux fonctionnaires de ne plus utiliser. Cette association est déclarée d'utilité publique et subventionnée par l'État : trouvez l'erreur. Mme Picard n'a pas hésité à dire que toutes les personnes qui adhéraient à ces mouvements étaient sous l'emprise de sectes, donc aliénées dans leur choix. Plus de 1% de la population française aurait donc perdu son bon sens, parmi elle, certainement des enseignants.

Il n'y a aucun problème à donner la parole à une voix en particulier, ceci est la marque d'une démocratie, mais il est souhaitable de ne pas la donner exclusivement à une seule. La réalité spirituelle en France dépasse de beaucoup ce qu'en disent ces associations qui ont pour parti pris de refuser tout dialogue avec les mouvements qu'elles condamnent, de rester dans l'ignorance de cette réalité et de ne s'appuyer que sur la peur et le rejet de l'autre.

Les dérives qui existent dans les minorités spirituelles peuvent être traitées par la justice. Elles ne sont pas plus nombreuses que dans les autres groupements humains (la MIVILUDES ne fournit aucune statistique qui prouverait le contraire). L'amalgame qui est fait est donc sans fondement. Et il peut être noté qu'il n'est jamais fait état de la discrimination à l'encontre des minorités spirituelles dont l'existence est prouvée notamment par des jurisprudences de la Cour Européenne de Justice.

Vous dites dans votre article : "Notre pays est actuellement traversé par le débat sur le déficit démocratique, la distance entre décideurs et électeurs, la légitimité des dirigeants." Vous pourriez allez plus loin, tout en simplifiant, en parlant plus simplement de la "distance entre les gens". C'est cette distance fondamentale qui crée toutes les autres. Et cette distance est alimentée chaque fois que l'autre est rejeté dans sa différence sur la base de la peur. Votre article alimente cette peur chez tous vos lecteurs, ne soyez pas surpris qu'elle se retrouve ensuite dans toutes les strates de la société et à tous les niveaux d'analyse.

Nous vous remercions de votre attention et vous encourageons à aller voir notre site et en particulier les interviews que nous avons réalisées de sociologues, avocats et personnes discriminées.

Cordialement,

L'équipe du CICNS
www.cicns.net

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