Dialogue en mouvements
Un colloque organisé le 10 mars 2007 par le
CLIMS
Le CLIMS, Centre de Liaison et d'Information concernant les Minorités
Spirituelles, basé en Suisse, a organisé le samedi 10 mars 2007 à Lausanne
une conférence intitulée "Dialogue en mouvements".
Un
des thèmes principaux de cette journée était le dialogue interreligieux (le
terme interreligieux étant à prendre au sens large). Le CICNS a été invité
à cette journée qui nous a permis de prendre connaissance d'un contexte différent
et de présenter le travail que nous faisons en France.
La création
du CLIMS a suivi l'affaire de l'Ordre du Temple Solaire en Suisse, qui avait
conduit à une campagne médiatique très virulente contre l'ensemble des
minorités spirituelles. Pour équilibrer le débat et apaiser l'atmosphère,
certains membres de ces minorités s'étaient alors rapprochés du pasteur
protestant Jean-Claude Basset, professeur de théologie, fondateur et
membre du comité de la plateforme interreligieuse de Genève, pour mettre en
place une structure de médiation qui a pris le nom de CLIMS.
Il
y eut plusieurs temps forts lors de cette journée :
-
Une présentation du pasteur Jean-Claude Basset sur le dialogue interreligieux
et les attitudes le favorisant ou au contraire l'empêchant : ce dialogue étant
vu comme un point essentiel pour un vivre ensemble harmonieux.
-
Une présentation du travail d'information sur les minorités spirituelles
effectué par le CLIMS.
-
Un témoignage personnel d'un membre de chacun des principaux mouvements représentés
au sein du CLIMS.
-
Une présentation de la charte du CLIMS, un des objectifs de la journée étant
d'encourager les participants à la signer.
-
Un témoignage du père Francis Chocholski (Lyon) sur le thème de la miséricorde
dans les différentes traditions religieuses.
Outre
l'organisation remarquable de la journée et la qualité des présentations,
les échanges se sont déroulés dans une atmosphère d'écoute et de respect
mutuel. Aucun journaliste n'était malheureusement présent pour rendre compte
de cette rencontre.
Nous
remercions chaleureusement le CLIMS de cette initiative riche
d'informations et de témoignages vivants. Elle nous a donné l'occasion de présenter
notre action dont l'utilité et la valeur ont été une nouvelle fois
reconnues à cette occasion.
Cette
conférence amène plusieurs commentaires concernant la situation française :
-
Les mêmes minorités spirituelles existent en France et en Suisse. Si
certains événements ont suscité une peur de ces minorités, le contexte
suisse est cependant plus tolérant, sans pour autant porter moins d'attention
au respect de l'ordre public ; il en résulte une action publique plus équilibrée
sur le sujet (Le CLIMS, par exemple, joue un rôle de conseil auprès de
victimes de dérives sectaires : quelques situations résolues par médiation
nous ont été données en exemple ; on imagine aisément le résultat si ces
affaires avaient été confiées à l'ADFI). Par quelle bizarrerie ces minorités
deviennent-elles en France des foyers délinquants voire mafieux mettant
en péril la République ? A moins, encore une fois, de considérer que nos
voisins ne sont pas à la hauteur de la situation.
-
Les échanges que nous avons eus, lors de la conférence, avec des membres
de minorités indiquent que l'intérêt d'un dialogue "inter
croyances" n'est pas partagé par tous les adhérents ; la peur des
sectes (notamment à travers l'influence de la France) existe ... même
au sein des groupes qualifiés de sectes. Cela prend une forme plus édulcorée,
on dira par exemple qu'on ne souhaite pas forcément être associé à tel ou
tel mouvement. Nous avions pour notre part déjà fait ce constat en France.
C'est sans aucun doute la plus triste victoire du discours anti-secte que d'être
parvenu à distiller la méfiance et la rumeur à travers une campagne de désinformation
qui tire le citoyen vers le bas. D'où l'importance d'un mouvement solidaire
qui dépasse les réflexes de protection égoïstes.
-
Peut-on faire dialoguer des représentants de religions
"reconnues" – un terme qui ne respecte pas l'esprit de la loi
de 1905 mais qui correspond à la réalité ; on parle pudiquement de
"petite reconnaissance" – et des minorités spirituelles
controversées ? La présence de représentants des religions reconnues
à la conférence du CLIMS tient aussi, sans doute, à leur
personnalité. Ce rassemblement peut néanmoins être jugé impensable en
France aujourd'hui.
-
La question de la place des minorités spirituelles est européenne. Cette
question est légitime puisqu'elle correspond à une réalité sociologique
d'importance. Les réponses apportées diffèrent grandement, la France étant
l'exemple à ne pas suivre, une sorte de point de référence en négatif
puisque, ici, cette question n'a été abordée que sous l'angle de la
lutte. Ces échanges européens entre associations partageant les mêmes
objectifs de défense de la liberté de conscience dans un cadre légal seront
assurément fructueux. Il ne fait pas de doute que les pays européens
capables d'appliquer le principe de laïcité autrement que dans les discours
pourront (devront) avoir, dans le cadre européen, une influence
positive sur le débat français.
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